On entend souvent que la forêt française gagne en surface, cependant la biodiversité continue à diminuer et la biodiversité forestière en Dordogne n’est pas épargnée. Nos forêts sont, le plus souvent, exploitées pour produire du bois, a contrario d’une gestion multifonctionnelle qui doit tenir compte des problèmes économiques et des services rendus par des écosystèmes spécifiques (comme les forêts marécageuses), considérant aussi l’évolution des sols, l’étude de la régénération et des plantes bio-indicatrices, sans oublier les actions positives sur la fonction sociale. Les dangers écologiques sont, entre autres, la disparition ou l’uniformisation des habitats, l’enlèvement des bois morts et sénescents qui pourraient permettre à 3000 insectes saprophages de vivre. Certains de ces insectes se nourrissent de bois morts pourrissants et sont aussi des prédateurs de parasites.
La forêt est particulièrement visée par les fabriques de papier, nous pouvons observer des parcelles forestières massacrées, non gérées de façon respectueuse. Lors d’un défrichement, lorsque les souches sont arrachées pour y planter la plupart du temps des résineux, l’écosystème est détruit, les microorganismes animaux, végétaux et champignons qui maintiennent la fertilité et la vie du sol meurent, la terre est lessivée entraînant des sels d'aluminium en excès dans nos cours d'eau, il ne reste plus rien pour capter l’humidité indispensable à la vie.
Notre région est composée d’une complexité climatique et géologique, où vivent des espèces atlantiques, les plus nombreuses, méridionales comme le guêpier, une rainette, la cigale, l’érable de Montpellier ou le lézard ocellé, continentales comme le pic noir, la noctuelle Turque, septentrionales comme la grenouille rousse, le héron cendré, des espèces emblématiques comme le vison d’Europe et la moule perlière, des espèces nocturnes comme la salamandre tachetée ou le petit rhinolophe, voire quelques espèces endémiques comme la sabline des chaumes. Il y a aussi les espèces très rares, mais elles n’ont pas de noms vernaculaires.
Nous avons tendance à classifier en oubliant que tous les écosystèmes forment un réseau indissociable que l'on nomme la Terre.
Michel Evrard.